Les monnaies de la chapelle d’Apcher

Il pourrait s’agir du contenu d’une bourse en tissu ou en peau qui s’est dispersé lorsque le contenant s’est désagragé.
Dès 1262, Louis IX (Saint-Louis) décida de restreindre le pouvoir monétaire des Comtes et des Evêques pour rendre le monopole de la frappe à la royauté. En principe, seule la monnaie royale devait alors avoir cours dans tout le royaume, les monnaies seigneuriales n’étant admises que dans leur fief d’émission. A la fin du XIIle siècle et au début du siècle suivant, les agents royaux interviennent pour faire disparaître les monnayages locaux. L’évêché de Clermont avait obtenu le droit de battre sa monnaie dans la première moitié du XIe siècle . Les monnaies du Puy sont plus anciennes. Dès le début du Xe siècle, l ‘évêque ADALARD obtint ce droit par une concession du Comte de Velay, ratifié par le roi. Il est définitivement suspendu après une dernière frappe en 1318 .

L’arrêt des monnayages féodaux durant le XIVe siècle n’a pas supprimé immédiatement la circulation des pièces anciennes, loin s’en faut. Pas plus que les textes de Saint-Louis n’ avaient pu restreindre la circulation hors des terres seigneuriales d’origine. Les deniers du Puy sont encore mentionnés au XVe siècle.
L’absence de monnaies des Comtes-Evêques du Gévaudan dans ce dépôt peut paraître surprenante. En réalité, le monnayage, au type de Saint-Privat , des évêques de Mende eut une influence régionale à peu près nulle . « Le caractère officiel de cette monnaie, les évêques étant à la fois Comte du Gévaudan,n’a guère servi à son succès ». La fabrication très limitée de ces pièces, explique que les habitants du Gévaudan aient eu recours aux monnaies de Clermont et du Puy .D’ailleurs, l’évêque lui-même , dans son propre diocèse, rédige ses actes et lève ses impôts en sous du Puy.
Le succès des deniers du Puy, malgré (ou à cause de) leur médiocre qualité, s’étend bien au-delà du Massif Central. Ils sont utilisés pour des paiements effectués dans le Rouergue dès les premières années du XIe siècle . Cette monnaie serait restée de moyenne importance si elle s’était cantonnée aux régions voisines, mais au Xle e t au XIIem siècle, c’est dans tout le Midi, mais aussi en France que ces pièces circulent . Notre-Dame du Puy est alors un lieu de pèlerinage réputé qui accueillait chaque année une foule de pèlerins. C’était aussi un lieu de passage sur la route de Saint-Jacques de Compostelle . Ce sont ces « romieus » qui ont fait circuler au loin, sur leur passage ou chez eux, à leur retour, ces piécettes aisément reconnaissables par leur rosace, vite connues et acceptées partout et par tous.
Pourtant, et celles de la chapelle d’Apcher en font foi, ces monnaies étaient de faible teneur en argent et souvent informes . Beaucoup ont la légende trop rognée et trop confuse (lorsqu’elle existe!) pour que l’on puisse en deviner le sens . Elle est même le plus souvent remplacée par une simple ligne brisée. Leur faible valeur a permis aux deniers du Puy de servir de monnaie divisionnaire à la plupart des monnaies du Languedoc et du Centre. La maille (13) du Puy est prise pour l e quart des deniers de Melgueil, de Clermont et du denier tournois (monnaie royale) (14) . Les deniers du Puy qui constituent la majorité du dépôt d’Apcher, pouvaient donc ne valoir que la moitié de ceux de Clermont ou de Provence (ce dernier est de bien meilleur aloi) avec lesquels ils voisinaient . Le problème posé par la datation du dépôt réside dans la longévité de la circulation, notamment des deniers ponots . Cependant, le bon état du denier provença l dont la frappe va de 1148 à 1222 et sa situation dans la fouille 4 cm au-dessus de l’ensemble considéré donne un élément plus indicatif l’agrandissement de la chapelle du château, nécessairement antérieur à la dissimulation , complète cette donnée.
Le dépôt pourrait donc avoir été caché là a u cours du XIIle siècle . Il représentait alors une somme modique. En effet en 1227, l’évèque de Mende lève 1 sou du Puy (12 deniers) par chef de famille.