Le Castrum d’Apcher
C’est dans un acte d’hommage rendu à l’évêque en 1180 que le château d’Apcher est cité et mentionné comme tel pour la première fois. C’est Garin de CASTRONOVO dominum de Apcherio qui prête hommage à l’évêque de Mende ALDEBERT III pour le « castrum de Apcherio ». En vertu de l’acte de paréage (la Bulle d’Or) signé en 1160 entre l’évêque de Mende Aldebert III et Louis VI, c’est l’évêque qui devient le suzerain des seigneurs du Gévaudan, ces derniers lui doivent allégeance et fidélité et doivent se soumettre à sa justice.
Hormis les actes d’hommages, qui se contentent de dresser un inventaire des biens et terres possédés par un seigneur, peu de documents sont parvenus jusqu’à nous. Les campagnes successives de fouilles archéologiques permettent de mettre peu à peu à jour l’emprise du château. Elles sont indispensables à la bonne compréhension du site et ont permis de définir avec suffisamment de précision les principaux éléments du castrum bien qu’un travail important de mise à jour et d’interprétation reste encore à réaliser.
Le donjon et la chapelle faisaient bien sûr partie intégrante du castrum qui se composait de différents bâtiments réservés au logis du seigneur ; un four, un jardin, un puit, une basse cour permettaient l’alimentation en eau et en vivres. L’enceinte était flanquée de trois tours en éperon au sud, on peut encore apercevoir leurs assises.
Un parchemin de 1368 retrace l’affaire ayant opposée les habitants de Saint Chély et d’Apcher à leur seigneur. Ceux-ci sont tenus d’assurer des gardes au château d’Apcher, mais face au manque de fortification ils refusent de servir. Bien qu’il y soit dit que le lieu est clos et qu’il comporte au moins une porte son degré de défense doit être nettement inférieur à celui de Saint Chély pour que les habitants fassent une réclamation à ce sujet. On peut donc supposer que des travaux de fortification aient eu lieu sous l’impulsion des habitants au milieu du XIV ème siècle.
D’après l’étude des documents historiques de la Baronnie d’Apcher réalisée en 2002 par Cécile FOCK-CHOW-THO, plus aucun acte ne fait état du château d’Apcher jusqu’à un texte de 1541 soit deux siècles après le parchemin de 1368. Il s’agit d’un acte de dénombrement des terres appartenant au baron François d’Apcher. Le château y est décrit comme habitable et non détruit, cependant tout laisse à supposer que le château n’est plus aussi important qu’aux siècles passés. Apcher resterait le chef lieu de la baronnie mais d’une manière plus symbolique.
Le XVII ème siècle verra le délabrement du château sans que la date précise de son abandon soit connue. On sait seulement que seule la chapelle intégrée dans l’enceinte du château est intacte. Il reste aussi les marques du pouvoir de justice des seigneurs, symbolisées par l’emplacement des anciennes fourches patibulaires.
Ce sont ensuite deux affaires portées devant la justice qui nous permettent de connaître le devenir du château d’Apcher. La première à lieu en 1714 lorsque le Duc d’Uzès décide de vendre la baronnie, l’acquéreur se sentant lésé il fait procédé en 1724 puis à nouveau en 1729 à une expertise de la terre d’Apcher. Le château y est alors qualifié de «masure ».
Le second procès qui opposa deux frères aux habitants du village commença au tout début du XIX ème siècle et s’acheva vers 1840. Un plan dressé par trois géomètres en 1833 indique parfaitement les bâtiments, les chemins, le puit, le four, … Il est une source précieuse pour visualiser l’état des lieux au XIX ème siècle.Il est clairement dit que le château est ruiné, le corps de logis n’est pas reporté sur le plan, seule la lettre « R » indique les ruines. Il y est cependant fait mention de la tour et des trois tourelles de l’enceinte, il semble également qu’il y ai eu une autre tour devant la chapelle. On y retrouve aussi la forme circulaire de l’ancien castrum ; les maisons se sont greffées au fur et à mesure autour de lui et le long de la route menant à Saint Chély.